dimanche 28 octobre 2012

A Strasbourg pour un ange

(pour celles et ceux qui veulent comprendre mon titre, vous pouvez aller jeter un œil sur le site de l’association Petite Emilie, à laquelle ma sœur et mon beau frère ont -malheureusement- adhéré en septembre dernier, et pour laquelle je courais ce marathon)
Ce marathon à Strasbourg, j’y suis inscrite depuis juin, mais j’avais fixé comme objectif principal de l’automne le semi des Championnats de France. Ma prépa a donc été principalement axée sur ce semi. J’aborde donc ce marathon sans séances longues (2h maxi alors que j’ai toujours eu l’habitude d’aller jusqu’à 2h30 voir plus).

Samedi soir, resto sympa, c'est bien de mettre des têtes sur des pseudos.


J'ai du mal à dormir, j'ai chaud. Vers 1h du matin, je coupe le chauffage et m'endors enfin. Heureusement on a une heure de plus

Dimanche, on arrive vers 8h au zénith, on fait la queue pour la consigne, ça dure des heures ... Le départ est bizarre, pas trop d’ambiance, faut dire qu’il fait froid et qu’il manque du monde, la faute aux consignes … vers 9h10, alors qu’on n’a rien entendu, on se met à courir. Ah c'est parti ?  
Je me suis promise de ne pas partir trop vite, mais je suis déjà à 5’20/km sur les 3 1ers km. J’essaie de ralentir, mais c’est compliqué, je sens dès le départ que j’ai des jambes  
Le parcours n’est pas déplaisant, on traverse des villages. Certes on se retrouve souvent sur des pistes cyclables (avec des vélos pourtant interdits, qu’est ce que j’ai râlé … ) qui longent des routes donc des voitures pas loin. Les traversées de canal, de rivières et de routes sont nombreuses. Les voitures klaxonnent à notre passage au-dessus de l’autoroute, je trouve ça sympa. Finalement je suis toujours à une allure autour de 5’20 et ça va. J’ai quelques remarques concernant mon tee shirt, ça me fait chaud au cœur. On traverse une forêt, les couleurs de l’automne sont jolies.
Au 18-19, à la sortie de la forêt on arrive sur le pont qui permet d’enjamber le Rhin et là c’est l’émotion. Je le trouve beau ce pont, ce n’est pas Millau mais voilà, je trouve cet endroit chouette. Au milieu du pont, j’ai le vent en pleine tronche, des larmes plein les yeux en pensant à ma sœur, mais les jambes répondent et je suis heureuse d’être là.
Le parcours en Allemagne est très campagnard, il y a un peu de spectateurs et pas mal de vent. Pas de tapis au semi, une dame me demande depuis combien de temps on est partis, je change l’affichage de ma montre pour voir 1h53. Je me force à ne pas faire de calculs, je me dis juste qu’un semi en 2h c’est dans mes possibilités et je re-change l’affichage du 405 car je veux juste voir mon allure et rien d’autre.

Au 22e j’arrive à la hauteur de Christophe. Il a froid, essaie de s’accrocher mais trouve que je vais trop vite. Il me dit ‘tu vas le payer’ Je lui réponds ‘peut être mais je me sens bien alors tant que ça va, je continue’. Et je continue sans lui, au 25e je l’ai décroché définitivement. Et intérieurement je suis morte de rire car sur le post du marathon de Strasbourg sur CAF, j’avais dit à Forrest en rigolant que je ne l’attaquerai pas au 32e mais au 20e ! Yes je l’ai fait

Je continue mon petit bonhomme de chemin. Les km défilent 27,28,30 et je suis toujours aux alentours de 5’25’’/km malgré le vent. Je n’en reviens pas comme je suis bien. Je commence à peine à avoir mal aux jambes. Je guette le mur, je me prépare à me dire ‘tu le savais ma grande qu’il ne fallait pas partir trop vite’. Mais non rien, je continue sur ma lancée 32,33,34,35. On revient en France, la montée de la passerelle puis le faux plat qui suit me font très mal aux jambes. D’ailleurs je marche à ce moment quelques instants pour boire correctement.

Et je repars, et je continue à doubler, ça en est presque euphorique tellement je double. Mais les km défilent maintenant moins vite ... Le rythme a un peu baissé mais ça va toujours, je n’ai pas l’impression d’être complètement à l’agonie. On arrive dans le centre de Strasbourg. Il reste 3km. Je sais que le chrono sera bien, ça me booste pour ne rien lâcher. Je suis un peu déçue de ne pas voir plus de spectateurs en ville. Au 41, je vois Stéphane qui m’encourage, heureux de ma perf.


Je franchis la ligne en 3h49’50’’ temps réel. Moins de 3h50, je n’en reviens pas ! Je marche sans m’arrêter, je récupère ma médaille, le magnifique coupe-vent taille S. Je demande où je peux manger et boire. Je suis heureuse de ce que j’ai fait, heureuse surtout, de l’avoir fait aujourd’hui, avec ce maillot sur les épaules, malgré tous les aléas de ces derniers mois. Pour la première fois, j’essuie des larmes à la fin d’une course, un ange m’a porté sur ces 42km.

Je récupère mon sac, m’habille car il fait froid. J’attends Christophe, je ne sais pas s’il est loin derrière mais je trouve quand même le temps long. Il arrive enfin, frigorifié, je le laisse rentrer seul dans le gymnase car c’est trop le cirque à l’intérieur et je préfère attendre dehors. Je vois ensuite arriver cocopuce et Christophe qui n’est toujours pas ressorti du gymnase ??? Je vais le chercher et le trouve aux mains des secouristes allongé sous une couverture de survie ! gloups . En fait il a des crampes et surtout très très très froid … (bin oui il a voulu courir en short, quelle idée !). Au bout d’une demi-heure, tout est rentré dans l’ordre.

Sur le chemin du retour, on croise le copain d’Aude qui nous annonce que sa miss a réussi son objectif, puis Tati très émue mais contente et Panda. On a la chance de pouvoir reprendre nos douches à l’hôtel, alors on file car il fait froid. Bravo à toutes et tous, beaucoup de records sont tombés et mention spéciale aux primo-marathoniennes LN et la trottineuse.

Pour moi, ce marathon réussi est riche en enseignement :
-Je peux réussir sans sorties très longues
-Je peux réussir même si côté alimentation ça a été une catastrophe, je me suis laissée aller plus que d’habitude et j’avais un kg de plus sur la balance que mon poids de forme. En revanche je n’ai jamais négligé mon hydratation.
-Les coups durs ne sont pas un obstacle aux perfs, la météo non plus, et les coupures forcées non plus ! Cet été, mi-juillet, j’ai subi une intervention chirurgicale (sans aucun rapport avec la course à pied) et j’ai dû arrêter tout sport pendant 4 semaines. Ça ne m’a pas empêché de battre mon record sur semi à peine 2 mois après la reprise et celui sur marathon 2 mois 1/2 après. Alors si vous êtes privées de cap, prenez votre temps et votre mal en patience, écoutez les conseils de tous (médecins, entraîneurs, amis …) et si si c’est possible, à la reprise tout se passera bien .
-Mais je sais aussi que le prochain ne sera peut être pas aussi réussi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire