dimanche 9 mai 2010

Mon 1er marathon : que du bonheur


Je ne pouvais pas rêver mieux comme scénario, il devait y avoir une petite fée pour moi dans l’atmosphère belge en ce dimanche 9 mai.
Après une bonne nuit de sommeil, on descend déjeuner à 6h30, l’ambiance est très CàP évidemment. Je prends un thé, deux gâteaux de Babou, un peu de jus d’orange et une tranche de pain avec du miel.
On remonte, le soleil s’est levé, la brume sur la Meuse est entrain de disparaître et le ciel est bleu. C’est une belle journée qui commence .
On s’habille, vu le temps qui s’annonce, je troque le corsaire contre un cuissard. Je prends mes manchons et la casquette.
On arrive sur le lieu de départ vers 8h25, je passe une première fois près du chapiteau, personne ne me reconnait, alors je vais aux toilettes et je reviens vers le chapiteau et Svip me reconnait (tu connais maintenant la raison de mon retard) à mon dossard. Elle est ravissante avec sa tenue CAF, on discute 5mn mais j’ai froid et je me sens tendue.
Ensuite direction le départ, échauffement rapide mais nécessaire car il ne fait quand même pas bien chaud. On se place. Devant moi, il y a un monsieur en Barefoot Vibram, je pense à Japhy. On ne va pas mettre longtemps à franchir la ligne. Et hop c’est parti pour 42 km et au moment où je commence à courir, en moi, c’est comme un ballon de baudruche qui se dégonfle, pssschhiiit la pression disparaît. Le 1er km est un petit tour en ville, ce qui me permet d’être deux fois encouragée par Svip. Dès le départ, les sensations sont là, je le sens, je le sais.
Ensuite on quitte la ville. Je laisse le ballon des 4h partir devant. Pour avoir lu pas mal de CR, je sais maintenant un peu comment ils fonctionnent. Je dois faire MA course comme je l’ai planifiée. J’ai réglé mon forerunner pour qu’il me donne mon allure à la fin de chaque km. Et je veux être entre 5’35’’ et 5’50’’.
Je n’ai pas réussi à convaincre Christophe de ne pas partir trop vite. Pour lui, s’il fait le 1er semi à 5’20’’ ensuite il peut gérer pour finir à 6’. Donc on ne part pas ensemble.

Pas grave, j’ai mon Ipod sur les oreilles, il fait beau, les gens sont sympas, les km défilent sans que je m’en rende compte et dès le 3-4ème km je me sens euphorique et je chante : « Toi+Moi, plus eux, plus tout ceux qui le veulent … », les autres coureurs me regardent en souriant. Je me fais encore beaucoup doubler à ce moment là. Je passe les 10km en 56’37’’ soit pile poil 5’40’’/km.
Les kilomètres défilent, on est maintenant en bord de Meuse direction Maastricht et c’est vraiment très agréable, il fait un soleil et une température de rêve (inimaginable après la météo exécrable de la semaine dernière), je me régale du paysage, c’est très verdoyant et j’adore, j’observe les chaussures et les tenues parfois improbables des coureurs devant, leurs ravitaillements, leurs démarches, etc … Je sens que ça commence à pas mal chauffer dans mes chaussures et là déjà je me dis que ce n’est pas ça qui va me gâcher la fête alors je n’y pense plus et j’oublie mes pieds.
Vers le 17-18ème je me rapproche du ballon des 4h. Je reste dans le sillage du groupe de suiveurs parce que de toute façon c’est difficile de les doubler car ils prennent toute la largeur (comme s’ils risquaient de perdre le rythme en étant derrière le meneur et non juste à côté de lui, vous n’avez jamais remarqué ça ?). Je profite du ravitaillement du 20ème pour les doubler et je ne les reverrai pas …
Je continue mon petit bonhomme de chemin et je suis toujours très bien. Je passe le semi en 1h 58’ 51’’ soit 5’38’’/km. Au niveau ravitaillement, pour l’instant j’ai alterné petites gorgées d’eau et de PunchPower, environ toutes les 10 à 15 mn, sans m’arrêter.
On arrive dans Maastricht, c’est sympa de voir un peu de monde, je ne compte pas le nombre de fois où on m’a dit Bravo, où on m’a fait un signe approbateur de la tête. Et à chaque fois, je dis merci avec un sourire jusqu’aux oreilles. Avant la traversée de la Meuse, j’aperçois sur le pont Christophe. Il doit y avoir à peu près 300 mètres qui nous séparent. Après le pont, je chante toujours :  « Relax, take it easy » … On traverse un parc. Un coureur s’est arrêté pour prendre une barre énergétique et laisse tomber l’emballage à terre alors qu’il y a une poubelle 2m devant. Je ne supporte pas ce genre de comportement, venant d’un coureur en plus alors je lui dis mais je ne sais pas s’il l’a finalement mis dans la poubelle car je ne me suis pas retournée.
Au 24ème toujours dans Maastricht, des filles distribuent du Red Bull (ah oui c’est vrai on est en Hollande). Le monsieur devant moi en prend et le boit illico. Ça ne m’empêchera pas de le doubler …
25, 26, 27, depuis un moment j’aperçois Christophe et indéniablement je me rapproche de lui. J’espère que tout va bien pour lui. Qu’est ce que je fais s’il ne va pas bien ? On s’était dit que si l’un ne va pas et l’autre va, et bien l’autre fait sa course. Oui mais …
28, 29, je le rejoins, il est un peu surpris de me voir si tôt, je lui demande de suite comment ça va et il me dit « bien ». OUF ! parce que moi aussi je vais bien, alors on va finir ensemble ! Super ! (Il m’avouera plus tard qu’il a eu peur et qu’il a réduit son allure plus tôt que prévu)
A partir du 30ème ( 2h 48' 55'' soit toujours  5’38’’/km), je sais que je peux rencontrer le mur …  je sens que ça commence à ne plus être aussi simple, j’ai mal aux jambes, j’ai le souffle un peu plus court et je ne profite plus autant du paysage. Mais je maintiens le rythme, toujours aux alentours de 5’40’’. C’est à partir de là que je vais commencer à doubler, doubler et encore doubler (je suis 520ème au semi et 434ème à l’arrivée). Déjà, beaucoup s’arrêtent sur le bord de la route, j’en encourage certains à me suivre (''je peux pas, si je pouvais évidement que je le ferai'' me hurle un monsieur). Christophe me dit de ne pas gâcher mon énergie, il reste encore des km et pas forcément les plus faciles. OK, OK, ….
Au 35ème j’enlève les écouteurs que je supporte plus. Il reste 7 km soit 1/5 de ce que j’ai déjà fait, donc finalement pas grand-chose. Alors je ne lâche rien. Mais j’ai les pieds en feu dans mes chaussures. Une coureuse a dû programmer son forerunner sur une allure et bien sûr elle ne la respecte pas et donc son forerunner sonne toutes les 10s pour lui dire d’accélérer ou de ralentir  !!! C’est insupportable !!! Plusieurs coureurs lui disent d’ailleurs mais elle s’en fout. On décide de faire une accélération pour la lâcher définitivement.
Depuis le 30ème je m’arrête maintenant à chaque ravitaillement pour boire un peu d’eau, elle est fraiche et ça fait du bien car il fait chaud. Et entre les ravitaillements, je bois des gorgées de PunchPower.
Vers le 38-39, mon genou gauche se rappelle à moi … Il n’a pas du apprécier les longues portions pavées du parcours. Mais illico je lui dis : "tu ne t’es pas manifesté pendant ma prépa alors tu te tiens à carreau encore une demi heure !" Et 5mn après je ne le sens plus (je comprends maintenant pourquoi certains supportent de courir avec une douleur, je ne dis pas que c’est que dans la tête mais, …).
40ème là ça devient difficile, le faux plat dont Babou m’a parlé est là. Je me dis il reste 2 km soit 1/20ème (désolée pour les chiffres mais je les aime les chiffres) de ce que tu as déjà fait, c’est une goutte d’eau !! Go, Go, … Et pour me donner du courage, j’extériorise mes pensées en hurlant un peu, je le conçois, mais ça fait du bien. Je lâche un « J’ai trop chaud », ensuite « j’ai mal aux jambes », je demande à chaque bénévole « mais elle est où l’arrivée ??, peu après le 41 « mais pourquoi il n’y avait pas que 40 km entre Athènes et Marathon ?», etc ... Les autres coureurs me regardent avec des yeux exorbités car je dis ça mais on continue quand même à doubler car on garde un rythme "soutenu" (5’49’’ le 41ème et 5’45 le 42ème). Les 200 derniers mètres, c’est à fond évidemment. L’arche est là avec mon objectif atteint (3h 57’ 54’’ temps réel) et Christophe à côté. Que du bonheur !
Aucune larme mais une joie indescriptible, une profonde satisfaction personnelle, le tout avec un immense plaisir.
Ensuite, il reste à rendre le chip (la puce) et là je vous jure c’est pas du gâteau car on ne nous a pas donné de lien plastique. On l’a donc accroché avec les lacets, mais ça veut dire aussi qu’après la course il faut se baisser, défaire les lacets, enlever la puce et remettre les lacets … Je vous laisse imaginer le temps que ça prend après 42km et les postures des uns et des autres assez comiques !!!
Super week end, superbe journée, super parcours. Babou, Svip et les Belges, vous avez là un superbe marathon qui gagnerait à être plus connu.




Evidemment, merci à toutes (je ne vais pas citer de noms de peur d’en oublier), mais vos conseils, vos messages et votre bonne humeur ici m’ont aidé. Sans vous, sans CAF, je ne sais pas si je me serai lancée aussi facilement dans l’aventure. Et d’ailleurs à celles qui hésitent encore (je pense à Forrest, Fanny48, Mélomarie, Marylin bien sûr et certainement d’autres) allez y, foncez, c’est une belle aventure qui vaut le coup. Et puis le sourire, les yeux émerveillés et les mots de sa fille en rentrant « je suis fière de toi Maman », ça vaut tous les fractionnés du monde …

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire